Coline Guerin
Mon amie Marianne a été violée il y a sept ans. Je l’ai aidé comme j’ai pu à l’époque, nous avions 18 ans. C’est mon tour à 25 ans. Elle vient m’épauler, nous faisons entrer les micros dans notre quotidien. Nous cherchons les mots et observons nos silences. La vie continue. On rit, on pleure et on essaie de faire des pauses dans la douleur. C’est comme un cache-cache en plein soleil, on ne peut pas (s’)échapper. Ensemble, nous décidons de me venger.
Cache-cache en plein soleil est un documentaire sonore réalisé à chaud, deux mois après avoir été violé. Au-delà de m’aider à tenir, l’intention principale était celle de partager un morceau de quotidien dans « l’après ». Je voulais qu’on puisse entendre les cicatrices – et la vie qui continue – dans nos voix, celle de mon amie Marianne aujourd’hui plus apaisée et la mienne à ce moment ci brûlante. La métaphore du cache-cache (en plein soleil) reste volontairement ouverte, comme une invitation à interpréter, sentir, réfléchir et panser le viol – le sien ou celui d’autrui.