Films documentaires

Rendez-vous au Centre Culturel Les Salorges, sur le port de Noirmoutier pour toutes les projections.
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Le mot de la programmatrice, Cécile Herreman.

« On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager. Quand on peut faire le tour du monde en 8 jours ou 15 jours, pourquoi le faire ? Dans le voyage, il y a le temps du voyage. Ce n’est pas voir vite. C’est voir et vivre en même temps. » 
Marguerite Duras, 1985 

Cette réflexion a été le déclencheur de notre choix commun pour la quatrième édition des Docs : « Voyage, voyages ». À l’aube de la mondialisation, la cinéaste prophétisait la mort du voyage, la disparition de la contemplation et d’une certaine expérience consciente. Pour elle, le voyage désignerait plus la temporalité que la spatialité, la durée et l’expérience vécues iraient de paire, le déplacement traduirait intrinsèquement un changement à l’intérieur de soi. Que dire alors de notre société aujourd’hui ? De la conquête spatiale ? Artavazd Pelechian partage cette crainte lorsqu’il réalise, à la même époque, Notre Siècle. Voyage interstellaire, vitesse supersonique, course à la modernité, multiplication des moyens de transports… il nous donne à voir cette surenchère incessante de l’homme qui jamais ne semble pouvoir s’arrêter. 

Chacun.e des membres de l’équipe des Docs a réfléchi à sa manière d’appréhender le voyage, ce que cela fait résonner en nous mais aussi plus globalement, à travers notre société. C’est par delà les films, les créations sonores, les expositions photographique ou encore les ateliers que nous allons tenter de cartographier le voyage, de mettre des images sur les sensations et odyssées, sur des souvenirs ou des aventures à venir. 

Le voyage peut être sur les routes ou par delà les océans, il peut être expédition, envol, croisière, déracinement, adieux… Le voyage pour oublier, pour se guérir de l’absence de l’être aimé, dans Coeur de tigre ou Ressasser. Il peut être un retour dans le passé, où l’on erre parmi les fantômes sur les terres que l’on n’a jamais habitées ou bien il y a trop longtemps, comme Jonas Mekas et ses Réminiscences de Lituanie ou Karim Aïnouz en Algérie. Il peut être l’essence d’une carrière pour la cheffe-opératrice Kirsten Johnson, ayant travaillé sur des documentaires dans le monde entier (Cameraperson) ou exode pour la photographe Libuše Jarcovjáková que le roman-photo I am not everything I want to be capture. 

Le voyage peut être statique, d’un immobilisme absurde où seul le paysage est différent mais nos habitudes sont restées les mêmes. Nos départs lointains, rendus possibles par le développement intense du tourisme, téléportation de notre monde clos et confortable dans un ailleurs, reproductible à l’infini. Qu’ils soient des expatriés ou des passagers éphémères, comme dans The Sunset special ou All Inclusive, la recherche du soleil est la raison de leur mouvement, ils ne s’intègrent pas dans le paysage, jurent dans le décor, leur place est comme une anomalie. 

À l’envers de ce décor factice, les réfugiés. Les voyageurs qui n’ont pas eu le choix, où tout ce qui se passe entre le départ et l’arrivée ne peut être expliqué par des mots, sinon la terreur et l’horreur. C’est le voyage qui au lieu de laisser des souvenirs ne fait que creuser un trou dans la mémoire, ne laisse qu’un néant noir. C’est l’inverse même de l’expérience, c’est la soustraction, l’annulation. A place in the sun fait émerger cette partie oubliée, en prenant place au milieu du paysage paradisiaque des îles Canaries, la caméra délaisse peu à peu les européen.nes pour nous mener vers les exilés ayant survécu à la traversée. 

Le voyage peut être cet élan, porté par le hasard, où l’on se laisse aller entièrement à la chance, aux rencontres, à l’inconnu. Des adolescent.es qui s’embarquent dans un van au milieu des Etats-Unis plutôt que de se résoudre à commencer leur vie d’adulte, préférant se faire happer par un destin dont personne ne connaît les intentions : Gasoline Rainbow. C’est la joie même de l’insouciance, où l’on parcourt, déambule, sillonne, où l’on arpente un chemin qui n’a pas encore été inventé. 

Pour incarner la liberté, c’est à Antonin Peretjatko que nous avons pensé, le cinéaste de l’invention, des histoires épiques et pérégrinations poétiques. Il sera le parrain de cette édition et nous aurons la chance de découvrir son documentaire avant sa sortie, Voyage au bord de la guerre

Enfin, qu’est-ce que le voyage sinon l’abandon de soi-même à la découverte ? La voix de Werner Herzog dans Au Coeur des volcans rend hommage aux deux plus grands explorateurs selon lui, Maurice et Katia Kraft qui, en partant voir ce que personne ne verra jamais, ont fait de leur existence entière une expédition, offrant leur vie pour l’aventure. 

Quand les uns donnent, d’autres prennent. Le voyage colonial, celui de l’appropriation, Saramago le dénonçait avec intelligence et malice dans Le Voyage de l’éléphant, dépeignant les caprices d’un roi despote ayant ordonné la livraison d’un éléphant à l’autre bout du monde pour son propre plaisir. Dans Taming the Garden, c’est un milliardaire qui fait déraciner et voyager des arbres rares pour les replanter dans son jardin. Addition et matérialisme contre dépouillement et minimalisme ; qu’on s’encombre ou se déleste, nous vous emmenons avec nous. 

Vendredi 18 Avril

Avant la fin de l’été

de Maryam Goormaghtigh

C’est assez bien d’être fou

d’Antoine Page

Sous le soleil exactement

de Noa Blanche Beschorner

Sans Soleil

de Chris Marker

Voyage au bord de la guerre

d'Antonin Peretjatko

Samedi 19 Avril

Ressasser

de Samuel Cogrenne

I am not everything I want to be

de Klára Tasovská

Restitution des films d’ateliers des collégiens de l’Ile

des élèves du collège Molière

Vous voulez une histoire ?

d’Antonin Peretjatko

The Challenge

de Yuri Ancarani

All Inclusive

de Corina Schwingruber Ilić

Taming the garden

de Salomé Jashi

Dimanche 20 Avril

The Sunset special

de Nicolas Gebbe

A Place in the sun

de Mette Carla Toft Albrechtsen

Correspondances filmées

présentées par Makiz'art

Coeur de tigre

de Caroline Champetier

Cameraperson

de Kirsten Johnson

Retour

de Pang-Chuan Huang

Reminiscences of a journey to Lithuania

de Jonas Mekas

Trois mers et quatre terres

de Stéphane Charpentier et Damien Daufresne

Lundi 21 Avril

Nemo 1

d’Albéric Aurtenèche

Exotica, Erotica, etc.

d’Evangelia Kranioti

Beyond borders : Kouksi

de Noaz Deshe

Marin des montagnes

de Karim Aïnouz

Au coeur des volcans : requiem pour Katia et Maurice Kraft

de Werner Herzog

Look on the bright side

de Yuyan Wang

Notre siècle

d’Artavazd Pelechian

Gasoline Rainbow

de Bill Ross IV et Turner Ross